Pénurie d’eau à Dakar – La faute aux DG de la SDE et à la SONES ?

Depuis plus d’une semaine les populations de la plupart de quartiers de Dakar souffrent le martyre. Pour cause, une pénurie d’eau qui perdure et qui oblige les populations à parcourir des dizaines de kilomètres pour se procurer le liquide précieux. L’eau est une denrée vitale pour la santé et une pénurie de ce liquide peut même entraîner des maladies graves qui peuvent être fatales comme les diarrhées, le choléra ou la typhoïde. On estime à plus de 3,6 millions le nombre de personnes qui meurent, chaque année, de maladies hydriques. Au point que les spécialistes ont mené des études qui placent les questions de l’eau au centre des problématiques pour tous les états. L’eau est donc une question centrale qui est même devenue une affaire de sécurité nationale.
Cette pénurie d’eau qui frappe la capitale est devenue si sévère que de réels risques d’émeutes existent, comme ce fut le cas avec les coupures d’électricité en 2011 et les émeutes qui s’en sont suivis et qui ont fini par faire perdre le pouvoir au président Wade.
Mais il semble que les autorités en charge de l’alimentation en eau potable de Dakar minimisent la portée de la pénurie. En tout cas ils laissent croire qu’il n’y a pas péril en la demeure même s’ils ne donnent aucune assurance sur la possibilité de survenue récurrente de ces pannes qui privent la capitale du liquide précieux. Voici les explications de M. Abdou Baal, Dg de la Sde dans les colonnes du Soleil : «Les besoins en eau de la ville de Dakar sont couverts à 40 % par l’usine de Keur Momar Sarr. C’est une unité qui fonctionne 24 heures sur 24. Les arrêts sont souvent liés à des réparations ou à la rupture dans la fourniture de l’électricité. Il s’est trouvé, dans la nuit de dimanche à lundi, qu’il y a eu une avarie sur une pièce métallique souterraine. L’usine ne peut pas fonctionner tant que cette pièce n’est pas étanche. Mais il ne s’agit pas de la même fuite qu’on a connue en 2013. C’est un tuyau qui laisse couler l’eau. Ce n’est pas compatible avec le fonctionnement normal de cette usine. Dès lors, il fallait mettre l’usine à l’arrêt et procéder à la réparation. Cette avarie a été à l’origine de l’arrêt de l’usine».
Le Dg de la Sde fait fort de rappeler cette fuite de 2013 qui avait entraîné la plus grosse pénurie d’eau jamais connue dans la capitale ; Cette fuite n’avait pu être réparée qu’après l’importation d’une pièce venant d’Europe et dont la pose a duré plusieurs jours. La pénurie d’alors avait ému toutes les populations, si bien que c’est en hélicoptère et en uniforme de l’armée que le président Macky Sall s’était rendu à Keur Momar Sarr pour exiger une diligence dans les travaux de réparation et tenter ainsi de rassurer les Dakarois. A cause de cette pénurie d’alors, la Sones et la Sde ont remis en service d’anciens forages de Dakar qui étaient à l’arrêt depuis plus de dix ans et qui ne garantissaient pas par conséquent la distribution d’une eau saine.
C’est le syndrome de cette grave panne de 2013 qui hante encore les esprits des Dakarois et les dirigeants de la Sde et de la Sones devraient en tirer des leçons en faisant preuve d’esprit de prospective. Il ne faut pas attendre que les pannes surviennent, il faut les prévoir et les prévenir.